Que fait un officiant de cérémonie ?

J’avais envie de répondre à cette question, car j’ai eu une conversation assez désagréable avec un futur marié.

Le contexte : j’appelle Monsieur suite à une mise en relation avec un site de mariage, il m’explique pourquoi une cérémonie laïque, je lui décris ma façon de procéder, il me répond très vite qu’il a eu un retour d’un de mes confrères avec une somme exubérante de 600€, et là c’est le drame ... une succession d’arguments contre les officiants de cérémonie !

Vous comprenez, ils abusent, une cérémonie, c’est juste vingt minutes de prise de parole. Et lui, prendre la parole devant un public, il sait faire et son patron ne lui donne pas cette somme. D’ailleurs, il devrait s’installer car c’est de l’argent facilement gagné.

Et bien non, cher Monsieur, notre salaire n’est pas facilement gagné ! Cet argent que l’on demande à des futurs mariés s’échange contre de la confiance, du savoir-faire, du savoir-être, il faut de l’écoute, de la patience, de l’empathie pour être un bon officiant de cérémonie.

Cet argent est aussi notre salaire d’entrepreneur, nous payons des charges, préparons, comme tout à chacun, notre avenir, versons un pourcentage au RSI pour bénéficier, nous aussi, d’une couverture maladie, nous travaillons sans horaire, nous travaillons quand certains profitent de leur week-end, nous ne pouvons pas nous dédoubler, vous, non plus d’ailleurs, alors nous sommes limités dans nos activités, nous donnons beaucoup pour recevoir autant...

Non, cher monsieur, tout le monde, ne peut pas faire officiant de cérémonie. Parce que cela ne se résume pas à une prise de parole devant un public déjà conquis. Prendre la parole c’est une chose mais faire vivre la cérémonie en est une autre, et « prendre la parole » est aussi le haut de l’iceberg, ce que les autres voient, mais avant cela, il y a la préparation, le travail pour en arriver jusqu’à ce moment.

Vous n’y avez peut-être pas pensé monsieur ou si, mais vous pensez qu’il s’agit d’un texte à trou. Que les officiants ont juste à remplacer les noms, modifier quelques tournures de phrases et voilà, c’est fait ! Et bien peut-être, peut-être que certains travaillent de cette façon, et c’est peut-être pour cela qu’ils ne sont pas chers !

Mais, être un bon officiant de cérémonie, c’est savoir écouter, savoir comprendre les non-dits, c’est être bienveillant et patient, c’est savoir écrire avec une matière impalpable, une matière faite de petites histoires personnelles, une substance imperceptible, mais que nous devons appréhender pour raconter et toucher au cœur toute une assemblée.

Nous préparons une cérémonie, une célébration, ce n’est pas rien, ce n’est pas rien si les mariés prennent parfois plus d’un an à préparer ce grand jour, qu’ils l’espèrent, qu’ils la redoutent, qu’ils la pensent dans les moindres détails. Nous célébrons ensemble leur amour et nous devons, nous, officiants de cérémonie, laïcs, religieux et les autres, mettre toute notre énergie, notre passion au service de ce moment.

Cher Monsieur, je crée des cérémonies qui sont comme des cadeaux, pour moi l’important, c’est l’échange, ce sont les regards, les rires et les larmes. Pour moi, ce qui importe c’est la sincérité avec laquelle certaines choses sont dites, ce qui m’importe ce sont les sentiments et les émotions, je sais quand les mots sont rarement dits et entendus, je sais que la cérémonie laïque permet ce genre d’échange et mon travail est de créer cette bulle où l’on se sent assez solide, assez écouté, pour pouvoir se livrer et dire ses sentiments.

Etre un bon officiant, c’est être là pour les mariés, mais aussi avec leurs proches. Les épauler dans la réalisation de leur intervention, pour qu’ils puissent comprendre qu’ils ont l’occasion de partager leurs sentiments, d’offrir des mots qui rendent plus forts, plus vivants et plein d’amour.

Pour moi, une cérémonie laïque, c’est de l’amour. Attention, nous sommes loin des cœurs, paillettes, du love que l’on balance à la pelle, non, c’est mettre en lumière des liens invisibles qui unissent deux êtres, qui unissent des frères et des sœurs, qui font que des personnes deviennent des amis, ce sentiment qui fait qu’on se sent plus fort et qu’on a envie d’aller plus loin...

Voilà, Monsieur, ce que j’avais envie de vous dire.


Christelle LEBOUCQ