Se remettre en question

Je reviens de 2 jours de formation en pratique narrative.

j’avais hâte de vivre ces deux premiers jours.

Je le savais, une partie de moi l'espérait, mais une partie de moi, le savait.

Savoir que je serai bousculée, que les discussions allaient devenir des petites briques sur lesquelles j’allais me construire un nouveau quelque chose.

Le plus difficile est d’admettre que je ne sais pas, sincèrement je ne sais pas encore ce qu’est ce quelque chose.

Mais je sais que je chemine.

Ce matin, je flâne, je ne commence rien, je ne finis rien, je tourne en rond dans la maison.

Je procrastine ou je flemme, ou je réfléchis.

Qu’importe les mots que je mets sur ces instants suspendus, ce que je fais, cela ne se voit pas de l’extérieur.

Et puis, me reviennent mes propres mots en tête, ces mots que j’ai déposés dans mon nouveau coffre-fort, avec ses treize serrures qui se reconnaîtront peut-être.

Ce que je sais faire, c’est écrire.

Trouver les mots justes pour partager mon ressenti, mes expériences et mes émotions, ils ne sortent de ma bouche que s’ils sont passés à la machine à laver qu’est mon cerveau.

Alors ce matin, j’écris.

J’aime mes cérémonies, je les aime profondément et passionnément.

J’aime les émotions qu’elles offrent, j’aime voir le bonheur dans les yeux des mes mariés, dans les yeux de leurs proches.

et une seule remarque négative me fend littéralement le cœur.

En quinze années de cérémonies de mariage, de baptême ou de vœux de mariage, je n’ai expérimenté qu’une dizaine de ces remarques, ce n’est rien en rapport avec les milliers de compliments que j’ai reçu, alors pourquoi prennent-elles autant de place dans mes souvenirs et dans ma tête ? Pourquoi me font-elles autant souffrir ?

On ne peut pas plaire à tout le monde, ok, je le sais, mais rien n’y fait !

2023, je dois vous l’avouer, a été une année très très difficile.

Beaucoup de demandes de cérémonies et si peu de retour positif, si peu de retour tout court.

Ce ne sont pas de retours négatifs, à proprement parler, puisqu’il n’y a pas de retour du tout.
J’ai créé du lien avec les personnes qui m’ont sollicitées, je me suis connectée à elles, j’ai répondu à toutes leurs questions, j’ai partagé avec elles ce que j’ai de précieux, un morceau de moi.

Et Rien, non rien, ils ne prennent pas la peine, pour la plupart de me répondre.

Les histoires que je me raconte derrière ces non réponses, sont certainement fausses, infondées, mais elles sont réelles pour moi.

Et ça me fait mal, je suis touchée au cœur.

2023 a été une année où ces petits heurts ont été les plus nombreux, peut-être que je savais mieux les gérer quand ils y en avaient moins, mais ils deviennent de plus en plus nombreux, c’est trop pour moi. Tellement que j’ai pensé à tout arrêter.

Les cérémonies laïques sont de plus en plus courantes dans le monde du mariage.

Les photos, les vidéos sont de plus en plus nombreuses, et les couples veulent une cérémonie laïque comme sur Pinterest et Google Images.

Doucement, elles se donnent plus à voir, qu’à vivre.

Pour moi, si elles sont belles, c’est qu’elles sont de cette beauté simple et naturelle, comme quand on s'émerveille devant un paysage, comme quand une histoire nous amène vers un ailleurs.

J’aime les cérémonies qui apportent du bonheur et qui laissent sans voix, celles qui sont remplies d’amour et de gratitude, celles où les résiliences sont des pépites, celles où les petits détails laissent des grandes empreintes dans les cœurs et les âmes.

Ce n’est peut-être plus ce que veulent les couples, peut-être même que je n’arrive plus à retranscrire cela dans mes propos.

Alors ce matin, je chemine et les mots partagés pendant ces deux jours me reviennent en tête.

Faire différemment pour être totalement alignée.

Raconter les histoires de chacun, les écrire et les offrir à ceux qui s’aiment.

Faire de la cérémonie, la cerise sur le gâteau.

Que ce moment qui concrétise une nouvelle identité devienne un nouveau chapitre d’un récit qui s’écrit jour après jour.

Le mariage, le baptême, les anniversaires, la mort d’un être cher, nous nous réunissons pour vivre ces étapes ensembles, ces étapes qui nous changent sans que l’on ne sache ni comment, ni pourquoi.

J’ai envie d’être celle qui tend la main sur ce chemin de la vie,

ce guide, discret et présent, qui accompagne les randonneurs.

Les questions trouveront des réponses,

quand le temps viendra.

en attendant je fais un pas, puis un autre,

et chemin faisant …

Christelle LEBOUCQ